Monsieur
le Gouverneur de la BRH
Monsieur
le Vice- Gouverneur
Monsieur
le Directeur Général
Monsieur
les Recteurs des Universités
Mesdames,
Messieurs de la Presse, distingués invités
Je
remercie le Gouverneur, le Vice- Gouverneur, le Directeur Général et les
organisateurs de ces assises scientifiques d’y avoir associé la communauté
universitaire, la CORPUHA.
Je
vous dirai rapidement que la CORPUHA est la Conférence des Recteurs, Présidents
d’Universités et Dirigeants d’Institutions d’Enseignement Supérieur Haïtiennes.
Elle regroupe des institutions d’enseignement supérieur publiques et non
publiques. Elle bénéficie de la personnalité juridique par arrêté présidentiel
en date du 17 décembre 2017. Elle est une organisation à buts non lucratifs dont la
mission fondamentale consiste à promouvoir le secteur de l’enseignement
supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique.
Pour
l’année 2023-2024, elle entend encourager les institutions membres à créer des
laboratoires de recherche et à mutualiser en ce sens leurs efforts. Elle
travaille à mettre en place un dispositif intra, inter universitaire de
formation doctorale .C’est un projet d’envergure en chantier.
La
CORPUHA s’attend à l’accompagnement actif de ses projets par des partenaires
d’importance comme la BRH, l’AUF et par d’autres institutions.
La
CORPUHA, se réjouit, par mon organe, de participer à ces assises.
Elles
visent ,ces assises, à mieux faire connaitre les activités du Fonds BRH comme
espace de convocation des universitaires, des chercheurs et à solliciter
l’attention des décideurs politiques quant aux bénéfices de la recherche
organisée en matière de questionnement approfondi des problèmes de la Nation et
des réponses documentées susceptibles d’alimenter la formulation de politiques
publiques éclairées. Le secteur des affaires devrait pouvoir y trouver un
intérêt certain en ce qui à trait aux brulantes préoccupations de compétition
nationale et internationale, liée à des besoins d’innovation structurelle,
promotionnelle, de marché et de développement technologique dans le monde
modulé par l’économie de la connaissance, l’économie du savoir.
Il
me semble que la création de ce Fonds et cette première édition de 2 journées
scientifiques répondent à ce besoin, assez bien compris par
l’importance du nombre des projets soumis, que la production et la diffusion
systématiquement organisée des savoirs savants,des techniques et technologies
sont incontournables en ce 21ème siècle. Et, par conséquent, le monde
universitaire, creuset privilégié de la production de connaissances, devrait
être un partenaire choyé et soutenu par l’Etat, par des donateurs éclairés et par
le secteur des affaires si tant est vrai que ce dernier souhaite bien
participer aux changements pour une Haïti nouvelle et prospère.
Pour
dépasser une sous-traitance endémique, peu créative, peu innovante, pour créer
de la richesse nationale, créer du travail, soutenir les jeunes entrepreneurs,
pour s’affranchir de tutelles alimentaires et pharmaceutiques, pour nourrir
sainement la population pour un système de santé de dignité pour tous, et
aujourd’hui pour rétablir l’Etat, la puissance publique, pour assurer la
sécurité des vies et des biens, pour récréer des liens sociaux par une
saine distribution de la justice et par une pratique institutionnalisée de
médiation sociale, communautaire, susceptible de restaurer la confiance et de
faciliter le vivre-ensemble citoyen …
Pour
toutes ces raisons, il est important de soutenir les efforts des chercheurs,
d’appuyer le développement dans les universités.
L’appui
à la recherche et au développement des universités pourrait se décliner en
amont et en aval c’est-à -dire en soutenant la formation de nouveaux et jeunes
chercheurs, capables d’alimenter le personnel scientifique des universités, et,
par un effet multiplicateur, assurer en permanence une relève scientifique et
académique de qualité. Il s’agit de soutenir au pays des programmes de
doctorat, de post-doctorat, voire certains masters de recherche.
Il
s’agirait, de manière concomitante, d’aborder le deuxième aspect en
encourageant le développement de la recherche par des financements accordés Ã
des projets selon des thématiques d’intérêt général ciblées, adressées à tous
les secteurs de recherche confondus. C’est le cas du Fonds BRH.
C’est
un pas intéressant en direction des seniors même si les jeunes en formation,
peuvent y trouver matière à apprentissage, mais pas nécessairement dans une
finalité d’accomplissement académique de chercheur. Il est aussi vrai que la
BRH participe déjà avec l’AUF à soutenir certains doctorants.
On
ne peut pas tout demander à la BRH, mais par la respectabilité de son statut et
de ses initiatives innovantes, la BRH peut valablement encourager des
partenaires à aider les universités haïtiennes à former, en grande partie, sur
place, les chercheurs dont le pays à besoin.
Mais
il y a aussi lieu de rester attentifs à toutes les formes de coopération
internationale en veillant à favoriser le renforcement
académique structurel de nos jeunes universités.
Les
préoccupations, les besoins, les sensibilités et les savoirs du Sud sont
parfois sous-tendus par des regards idéologisés de rapport Nord/Sud de
certains partenaires qui tendent à invisibiliser des institutions du Sud et Ã
les amener à s’enfermer dans des formalisations épistémologiques qui ne
favoriseraient guère une expression plurielle des savoirs,des savoir-faire et
des cultures.
Récemment,
des attitudes et des choix gratifiants pour la santé, face à la pandémie de la
Covid 19 de certaines populations du Sud ,montrent bien tout
l’intérêt qu’il convient d’accorder à une expression plurielle de la
science comme mode d’appropriation, de codification, de modélisation et de
transposition renouvelée des savoirs et savoir-faire.
En
ce sens, dans un monde actuel en pleine mutation des polarisations
traditionnelles, économiques, politiques, stratégiques et technologiques, il y
a lieu d’interpeller les épistémologies du sud comme une voie d’ouverture et de
renforcement de la Science.
Je
vous invite donc à l’ouverture, à la création, à l’innovation.
Le
travail de renforcement de la recherche universitaire en Haïti, Mesdames,
Messieurs, est complexe et ardu. Il me parait cependant encourageant le jalon
posé par la BRH, suivront d’autres probablement.
En
conclusion, le maitre-mot est celui de Max Weber : « Comment être Ã
la hauteur du quotidien ? ». Et, Alfred Schutz a dit dans le
chercheur et le quotidien (1997,2008) « Le monde de la vie quotidienne est
la scène et l’objet de nos actions et interactions, il nous faut le dominer (le
connaitre) et le transformer afin de réaliser les buts que nous poursuivons».
Mettons-nous à la
tâche ici et maintenant.
Toutes
mes félicitations à la BRH, félicitations aux chercheurs qui ont présenté un
projet accepté ou pas.
Bonne
journée de travail. Merci de votre attention.
Discours du Dr Jean Elie Larrieux, Professeur des Universités
Représentant de la Conférence des Recteurs (CORPUHA)
Recteur de l’IUSE-CREFI
Membre du Comité Consultatif du Fonds BRH pour la Recherche et le Développement
Port-au-Prince, 26 Mai 2023.